Jour de repos à Forcalquier
Bonjour les amis,
Me voici parvenu à Forcalquier petite sous préfecture des Alpes de haute Provence, je préférais l’ancienne appellation hautes-Alpes même si géographiquement parlant ça tient la route. Comme le soulignait l’éminent journaliste vadrouilleur qu’est Pierre Bonte on attribue à la ville « le ciel et l’air les plus purs de France, si ce n’est d’Europe », j’avoue pour m’être baladé en ville par un jour pluvieux que ces attributions ne m’ont sauté ni aux yeux ni aux bronches, pourtant j’ai aperçu au loin les coupoles de St Michel l’observatoire lors de la descente sur Forcalquier alors il y a sûrement du vrai dans cette affirmation.
Que dire ou surtout retenir de ces 13 jours de voyage ? Se souvenir des noms de lieux - prononcé rapidement ça peut devenir un juron - des gens croisés ou rencontrés, des difficultés du parcours, de la beauté des paysages bref voir défiler le film de ces étapes en ne gardant que l’essentiel. Un challenge que je ne peux relever tant il fourmille de bons souvenirs.
Arrivé en gare de Thonon les Bains après un long et éprouvant voyage nécessitant la bagatelle de quatre trains et trois correspondances, j’espérais retrouver très vite les verts pâturages où paissent tranquillement les bestiaux savoyards, hélas je tombe en plein déballage de la foire de crête, une foule dense et bigarrée que je dois fendre sur quelques centaines de mètres avec mon vélo lourdement chargé, je m’accroche fermement aux poignées guidant la machine au milieu des badauds affairés. « Thonon les bains, tenons les bien » répétai-je pour me motiver.
Les petites routes du soleil, en voici un titre bien trouvé ! Rendez-vous compte, un bref orage le premier jour, une pissette le lendemain et depuis grand ciel pur sauf aujourd’hui dans la ville du ciel si pur qu’il pleut. Ce temps parfait, sec ni trop chaud ni trop froid, m’a rendu le voyage si agréable. Je n’ose imaginer gravir tous ces cols et filer dans toutes ces descentes par temps humide. A ce propos, savez-vous vous combien de cols ont vu mon passage ? Non, et bien moi si puisque j’ai pris la photo souvenir à chaque passage. 28, mais je triche comme vous vous en doutez, j’allonge en effet régulièrement l’itinéraire proposé me permettant d’enchaîner de jolis cols imprévus. Il faut dire que sans l’assistance électrique je ne m’y risquerais pas car même avec elle ce sont de longs efforts consentis, le spectacle au sommet de ces routes est un bonheur à chaque ascension. Ces bonheurs là valant bien la sueur qu’ils imposent.
Petites routes, c’est ma foi une autre vérité ! De longues périodes sans véhicule, sans hameau, sans âme qui vive. Le bonheur de pénétrer le profond silence des lieux avec pour seul accompagnement le ronron discret du pédalier parfois troublé hélas par le passage ô combien bruyant de motards isolés ou en hordes sauvages. Ce phénomène speedy touristico pétaradant étant plus accentué donc indigeste dans la partie nord du voyage et fort heureusement atténué dans ces vallées profondes et isolées du Diois ou des Baronnies.
Qui dit petites routes dit petits hameaux, les commerces sont rares dans ces vallées de la Drôme provençale ou des Hautes Alpes. Pas un troquet, pas une mobylette disait Coluche, j’ai plusieurs fois frisé la correctionnelle à l’heure du déjeuner quand l’alimentation la plus proche est à vingt kilomètres, j’ajouterais pas un distributeur de billet, des pays où la carte bancaire semble parfois inutile.
Le côté sportif du périple ne vous aura peut-être pas échappé ? C’est mon quatorzième voyage à vélo. Neuf avec mon ami Pierre, un avec Romain en Irlande, les autres en solo. Tous me laissent d’excellents souvenirs mais en ma qualité d’ancien marathonien j’ai gardé le goût de l’effort et du dépassement de soi. Avec l’âge et l’assistance électrique ces critères se trouvent très atténués pourtant les difficultés du parcours, la découverte des ces petites routes coriaces et magnifiques m’ont permis de réussir jusqu’ici un challenge que je m’étais fixé. 900 kilomètres depuis Thonon, reste une grosse semaine d’aventures pour atteindre la Méditerranée et boucler ce Thonon - Nice avec succès…
Bref demain, retour du soleil, ce dont m’a assuré mon logeur qui s’y connaît en matière de soleil puisqu’il est natif de Valensole. Quittant les petites routes du soleil pour quelques étapes je m’en vais faire un tour dans le Luberon histoire de découvrir en profondeur cet arrière pays provençal cher à Giono.
À suivre…
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